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Maison de Poupée

Un spectacle d’une force incroyable qui a fait l’unanimité.
— Stéphane Capron (France Inter)
C’est en grande partie parce que la manipulation visible fraie sans cesse avec l’invisible que la transformation de Nora advient. Yngvild Aspeli prouve ainsi une fois de plus que la marionnette fait vraiment sens lorsqu’elle est clé dramaturgique, et non simplement illustration ou support de récit. Grâce à ce travail d’une précision extrême sur l’objet et la superposition de plusieurs niveaux de jeu et de lecture, le spectacle donne à apprécier toute la portée de la pièce d’Ibsen, qui va bien au-delà du contexte historique et culturel où elle s’inscrit, la Norvège du XIXème siècle. La question de la liberté, que choisit Nora en quittant finalement son mari qui refuse de la soutenir lorsqu’il apprend son secret, traverse les époques.
— Anaïs Helluin (Sceneweb)
Monter Maison de poupée avec des marionnettes ? Aussi étrange que cela paraisse, personne ne s’y était risqué. L’idée a pourtant valeur d’évidence, ne serait-ce que dans le titre de la pièce, qui suggère d’emblée qu’est mis en jeu ici un monde de pantins, incapables de trouver le chemin de la vraie vie.
L’idée aurait pu être trop évidente, justement. Mais Yngvild Aspeli évite tous les écueils, et signe un spectacle extrêmement fort, qui met son intelligence de l’art marionnettique au service de la mécanique dramaturgique impitoyable inventée par son compatriote Henrik Ibsen en 1879.
L’histoire de Nora Helmer, qui prend conscience des mensonges sur lesquels reposent son mariage et sa vie bourgeoise, se déploie au fil d’une mise en scène qui tisse sa toile avec maestria. Le cœur en est le rapport entre les pantins à taille humaine, légèrement hyperréalistes comme toujours chez Yngvild Aspeli, et les acteurs. Le jeu qui s’instaure entre eux est virtuose et fascinant, et raconte mieux que tous les discours les manipulations à l’œuvre et la morbidité d’un monde patriarcal – déjà – miné de l’intérieur, et que Nora va abattre comme on le ferait de figurines au stand de tir.

Dédoublements entre humain et pantin :
La marionnettiste norvégienne a le chic pour créer des images chocs, qui ne s’oublient pas. Dans la boîte noire du théâtre, qui peu à peu se transforme en gigantesque toile d’araignée, ses poupées prennent parfois l’allure de celles du surréaliste Hans Bellmer, avec ce qu’elles suggèrent de la maltraitance faite aux femmes. Les dédoublements entre humain et pantin, pris dans l’illusion théâtrale, donnent par moments le vertige.
Et puis il y a les araignées. D’abord minuscules et discrètes, elles deviennent au fil du spectacle énormes et envahissantes, renvoyant à la scène-clé de la pièce, celle où Nora vit une sorte de transe libératrice, en dansant la tarentelle. On le gardera longtemps au cœur, le combat mythologique entre Nora, magnifiquement incarnée par Yngvild Aspeli elle-même, et la bête aux pattes tentaculaires.
— Fabienne Darge (Le Monde)
Un peu avant onze heures ce dimanche, une longue file de spectateurs patientent avant l’ouverture de Bayard, en fait une salle de sport de Charleville-Mézières. Certains connaissent déjà le travail de la Norvégienne Ingvild Aspeli, dont le « Moby Dick » reste dans les mémoires. Pour d’autres, ce sera un choc. En adaptant « Une Maison de Poupée » d’Henrik Ibsen, la créatrice se frotte à un des grands textes classiques nordiques. Une pièce à la résonance toute actuelle.
— Philippe Noisette (Les Échos)